La mer
Même le ciel est couleur béton amène son lot de mauvaises fortunes
Étouffé entre ciel et mer, entre le marteau et l'enclume
Mer miroir parfois espoir et souvent mirage
Le bitume déborde vient vomir au ras de l'écume
Qui vient déposer son offrande de goudrons et de plumes
La marée je l'ai dans le corps et dans le cœur c'est le décor de mes rancœurs
La rançon des pleurs que je prends à bras le cœur
Mal de mer mal de vivre colère houleuse et haut le cœur
Ecœuré écorché à trop décortiquer
Les pourquoi et les pour quand les pour toi et les pourtant
Et je me demande pourquoi moi quai du pourquoi pas
Mon regard vient s'échouer sur un couple à la dérive
Égarés sur mon rocher en béton armé
Viennent polluer mon air ma solitude
Ils exhibent un bonheur à faire hurler un violon ivre
Ils s'enlacent parce que ça fait beau dans le tableau
Perdus les yeux dans les yeux éperdus
Qu'est ce qu'ils en ont à foutre de la mer, Ils ne vivent que pour eux et se fichent du reste!
Leur silence est trop bavard
Ils se mentent du bout des yeux sans le savoir,
Votre silence de vie dérange mon silence de mort
Barrez-vous! Allez vous chercher un coucher de soleil factice
Les mots doux sont pas appropriés au décor et les poèmes trempés d'eau de rose ici ne riment pas
En tout cas pas aujourd'hui en tout cas pas tant que je serai là
Ptêtre qu'y fait trop froid pour être seul
Ptêtre qu'y fait trop gris, ou ptêtre trop triste pour être là
Et je me demande pourquoi moi quai du pourquoi pas
Hé dis Dédé c'est quoi la mort?
Est ce que ça fait aussi mal que la vie
hé dis mon vieux où qu'c'est qu'tu dors
Et moi putain qu'est-ce que j'fous ici
Je veux pas partir l'horizon est trop loin
Je veux rester là à attendre
Le temps qui passe me fatigue
C'est triste la mer ou bien c'est moi
C'est triste la mer sans toi
Et je me demande pourquoi moi quai du pourquoi pas
Le vieux
Ici c'est plus son monde
Il ne connaît plus personne et personne ne le connaît
Si les gens le connaissent comme le vieux du quartier qui sourit jamais.
Le vieux qui fume et qu'est pourtant pas crevé
Le vieux qui prend toujours son demi à la mi-journée
Il a fait tellement de choses durant ces 90 années ouvrier, militant, père de famille, pas un homme de parures mais de paroles, c'était le Dédé celui qu'avait pas la langue dans sa poche ni les mains d'ailleurs il bossait comme deux qu'on disait
Il était droit comme un pique aujourd'hui il est courbé comme un pitre
Enfin c'est un vieux quoi, tout ce vécu pour être juste un vieux rien de plus
C'est comme si il existait plus.
Il est tellement abîmé que tout ces braves gens ça les soulagerait de le voir crever
De toute façon pour ceux-là c'est comme si il était déjà mort
Il traverse son bistrot comme un fantôme
Et les clients lui jettent des regards inquiets en pleine gueule
Si seulement ils le voyaient sur cette photo jour de messe endimanché de la tête aux pieds peut-être un peu trop, mais en tout cas pas assez pour être moqué, le torse bombé un sourire fier à demi avoué flanqué au coin de la gueule, mais cette photo y'a plus que lui pour la regarder.
Lui a envie de leur rire au nez en leur disant moi je me suis tué à la tâche toute ma vie et j'en suis pas encore mort.
Je suis né ici et je mourrai ici que vous le vouliez ou non !
Oui je râle, je me débraille, je déraille de temps à autre et si vous croyez que je parle tout seul et ben peut-être que vous vous trompez, je parle à qui je veux quand je veux. J'ai toujours fait ce qu'il me plaisait (moi monsieur !)
J’étais révolutionnaire je sais plus trop pourquoi mais au moins comme ça on nous marchait pas sur les pieds nous autres de la classe ouvrière.
J'ai toujours voté communiste et aujourd'hui encore même si ils ne me font plus rêver, une chose est sure jamais je voterai pour ces pantins qui tirent des tronches de portrait.
Et tout ça c'est pas des histoires c'est écrit sur mes mains que je t'aurais peut être collé au coin de la gueule si j'avais eu 30ans de moins.
Mais il se tait parce que personne n'écoute ce que ses pauvres mains racontent il reste seul au fond de la salle le cœur qui tangue la main agrippé au verre comme pour pas chavirer.
Et il y a la pendule au salon qui dit oui qui dit non qui lui dit va t'en
Il boit un coup pour être déjà dans les nuages
Il trinque avec des mirages des fantômes de passage
Il lève son verre à ses enfants
Qui passent en coup de vent deux fois par an
C'est presque une corvée de venir voir pépé
S'enterrer au fond d' son canapé
Il se reconnaît plus dans ces enfants
Qu'il a à peine vu grandir
Qu'ils l'ont à peine vu vieillir
Qu'il a même pas vu partir
Et que seul la pitié fait revenir
Ici il tourne en rond et tellement que ça lui siphonne le cerveau
Qu'y s'en rend même plus compte, mélange le pour et le contre avec le temps va tout se vaut.
Il voudrait crever au printemps au creux d'un lit douillet
Le bon dieu lui doit bien ça lui il lui a jamais rien demandé
Le bon dieu il y croit un peu, un peu par habitude vous savez
Et puis si il existe faudrait voir à pas le vexer
Il voudrait vivre avec son temps mais il est d'une autre époque
Alors en attendant le printemps il regarde son petit monde qui suffoque.
Bon de toute façon il est trop vieux pour faire de vœux, trop vieux pour faire des envieux et paraît-il trop tard pour être heureux!
Et il y a la pendule au salon qui dit oui qui dit non qui lui dit va t'en
Ne venez pas pleurer sur ma tombe des larmes hypocrites
Pour ensuite cracher sur mon ombre
Ici ou au-delà c'est pareil je n'existe plus
Mon destin s'est arrêté mais ma vie continue
Les médecins vont s'acharner à me faire tenir debout
Puis à me faire tenir assis puis à me faire tenir allongé pendant quelques années
Laissez-moi crever en paix au lieu de faire la guerre à la mort quand il n'y a plus rien à gagner.
Et puis il y a la pendule au salon qui me dit oui qui me dit non qui me dit va t'en
Le brouillon
Les pensées embrouillées je suis plus proche du brouillon que du brûlot
C'est comme peindre le brouillard, les pieds dans le plat sans enlever les sabots
Ce soir je suis bavard seulement une plume avec qui bavarder
J'ai mille mots de retard, je les bazarde, le buvard va en baver
Vivre mes rêves ou rêver de vivre paraît que j'ai le choix je suis toujours indécis
Je perds plus que je gagne quand je refais ma vie avec des si
Tous ces si m’asphyxient m'empêchent chaque fois de prendre des décisions
Et je broie du pourquoi car je confonds le rêve et l'illusion.
Après des jours de pluie c'est la récolte dans mon champ lexical
La tête dans la lune, lunatic c'est mon île tropical
Il est minuit et demi et même le temps ici s'est endormi
Paraît que les temps sont durs que les tensions durent et que c'est pas fini
Je rêve pas de droits d'auteurs moi je vis d'amour et de pâtes au beurre
Pas de flow je suis pataugeur, je brasse mais ce texte n'a ni queue ni cœur
Je veux pas du bonheur je veux le chercher et qu'il m'emporte ailleurs
Le trouver c'est le perdre je me perds dans mes délires de doux rêveur
Les épines de la rose font-elles moins mal que celles de la ronce
Je me pose un tas de question sans forcément en chercher les réponses
J'ai une fenêtre ouverte pas sur le monde mais un parking carré
Que la vie m'attende ou pas faut que je me barre de toute façon je suis mal garé
Derrière ma fenêtre j'ai l'impression de rester sur le carreau
Dehors la vie est courte court à sa perte et derrière des magots
Démago je le suis peut-être Facile de montrer du doigt ou du stylo
La meilleur des critiques reste la sienne le système a bon dos
La folie de leurs dogmes n'efface pas toutes mes contradictions
Je parle pas de résignation mais pas de révolution sans résolutions
Pourquoi jeter un pavé si tu sais pas où il atterrira
Les mares sont pavées de bonnes intentions mais n'éclaboussent que toi